Nous avons abordé lors de notre précédent article les particularités des entreprises en fonction de leur taille de capitalisation. Nous allons désormais faire un point sur nos préférences en termes de zones géographiques et de secteurs. En effet, si nous nous appuyons sur les études de H. Markowitz, la diversification est essentielle afin de construire un portefeuille efficient au couple rendement/risque optimisé. Afin d’illustrer cette méthode, il est possible d’investir dans différentes classes d’actifs (actions, obligations, matières premières, immobilier, devises …), dans différentes tailles d’entreprises (small cap, mid cap, large cap) mais aussi dans différentes zones géographiques et différents secteurs d’activité. La stratégie consiste donc à investir des actifs peu corrélés entre eux afin de diminuer le risque du portefeuille.
LES VALEURS DE LA BULLE INTERNET DE 2000 SONT LES VALEURS REFUGES D’AUJOURD’HUI
Nous avons déjà écrit quelques lignes relatant le fait que toutes les entreprises ne sortiraient pas de cette période particulière de la même manière. A l’heure actuelle, nous remarquons clairement que le Nasdaq (indice des entreprises appartenant au secteur de la technologie aux USA) surperforme clairement tous les indices conventionnels mondiaux. Nous évoquions également que les secteurs en difficulté avant la crise ne seraient pas meilleurs après la crise, le Nasdaq était celui qui était le plus valorisé. Nous voyons à travers cet exemple que le choix des secteurs et des zones géographiques est un choix important dans la construction d’une allocation.
Il est clair que si nous avons une analyse positive sur le secteur de la technologie, les Etats-Unis apparaissent comme un terrain de jeux privilégié. Il est même possible d’affiner dans ce secteur afin de ne sélectionner que quelques marchés spécifiques (robotique, software, Cloud, Big Data, Intelligence Artificielle …).
UNE BONNE DIVERSIFICATION GEOGRAPHIQUE EST ESSENTIELLE
Il y a quelques mois, la Chine opérait un virage stratégique en mettant en avant le développement d’une économie domestique ainsi que le secteur des services. Ces choix impliquent une refonte des portefeuilles pour les investisseurs qui avaient une analyse de Chine exportatrice et productrice industrielle. Plus récemment, la guerre commerciale sino-américaine était un bon exemple des risques que peuvent représenter les choix de zones géographiques.
Ce type de diversification est donc un bon moyen de diluer le risque d’un portefeuille mais une bonne connaissance des acteurs permet de pondérer correctement la zone géographique dans le portefeuille et le secteur d’activité dans la zone géographique.
LA DIVERSIFICATION GEOGRAPHIQUE S’APPLIQUE AUSSI AUX MARCHES OBLIGATAIRES
Cette analyse fonctionne bien si nous la translatons aux marchés obligataires. Ce marché est clairement différent selon les zones géographiques, la dette publique de l’Allemagne ou de la France n’a rien à voir avec celle de la Chine, des Etats-Unis ou encore de la Russie ou des pays émergents.
Le marché du crédit (obligations émises par des entreprises du secteur privé) affiche lui-même un visage différent selon les zones. Où investir dans la dette publique avec du rendement et des perspectives favorables ? Où investir sur le crédit avec peu de risque de défaut des entreprises et une rémunération attrayante ?
Nous comprenons donc que pour construire une allocation diversifiée il ne suffit pas de mélanger des ingrédients au hasard mais bien d’avoir une bonne connaissance des qualités de chaque ingrédient ainsi que leur provenance afin que la recette fonctionne au mieux.
LES STYLES DE GESTION DOIVENT ETRE DIFFERENTS
Pour compléter les choix qui se présentent à l’investisseur il est aussi possible de diversifier les styles de gestion. L’Europe est-elle plus adaptée aux gestions dites « Value » consistant à acheter les entreprises dont la valeur boursière affiche une décote importante par rapport à leur valeur intrinsèque ? Les Etats-Unis une zone privilégiée pour les entreprises dites de « Croissance », affichant une forte croissance des chiffres d’affaires et des bénéfices ?
L’investisseur est donc confronté à des choix multiples mais il doit avoir une vision suffisamment précise des différents marchés pour avancer et construire un portefeuille diversifié.
A titre d’exemple, la période que nous traversons nous parait propice pour les valeurs défensives (rendements, distribution de dividendes importante), les thématiques séculaires, qui auront une vraie place dans les années qui viennent (sécurité, eau, santé) et la technologie. Nous avons profité du fort mouvement baissier de mars pour intégrer certaines de ces idées aux allocations. Nous sommes dans l’attente de pouvoir intégrer les autres sur une prochaine et probable baisse des marchés.
Auteur : Florian LELONG (SEFIMA) et Romain MURAILLE (VALETYS)